Le mirage de la communication pour un indépendant
La communication d’un consultant indépendant est comme un marqueur chimique : elle révèle sa nature de freelance. Très souvent cette communication se résume à un simple CV, perdu quelque part sur le Web. Beaucoup de freelances se mettent également sur un site internet spécialisé, fonctionnant en place de marché, pensant que le design proposé par le site leur confère une visibilité et que le site fait leur publicité. Ou alors, ils créent du buzz sur les réseaux sociaux professionnels en partageant des articles, en aimant tel ou tel sujet, en espérant communiquer indirectement sur leur profil.
Toute cette puissance digitale peut servir à devenir visible, mais certainement pas à construire un vrai business qui apporte épanouissement, prospérité et perspectives.
Le buzz ou la notoriété ?
Quelle est la différence entre un Boys Band et les Beatles ? Les premiers font du buzz, des seconds émane une notoriété. Les premiers couinent, les seconds composent. Les premiers font tout pour se faire voir, les seconds font voir leurs oeuvres. Et c’est ici que l’on atteint la limite du digital et des médias qui sont basés sur des réseaux sociaux. Le seul et unique critère de survie est le nombre de vues. C’est le principe de base du référencement. Naturellement, le référencement est nécessaire pour tomber sur le sujet que l’on cherche, mais pas nécessairement à trouver la solution que l’on cherche. Si vous lisez cet article, c’est souvent grâce à un mot clé. Mais si le contenu de cet article est nul et sans intérêt, alors sa visibilité n’aurait servi à rien.
C’est ici toute la difficulté des plateformes full digital pour des consultants indépendants : ces derniers se trouvent rapidement noyés dans la masse, et le seul moyen d’en sortir est de faire du buzz, ou brasser de l’air comme disaient les anciens.
Quel conseil efficace alors pour créer et formaliser sa réelle valeur ajoutée sur le marché ?
Un client qui a un problème métier, cherche avant tout une ressource capable de faire fonctionner son projet. Il fera travailler le consultant indépendant qui propose une solution à son problème et à son projet. La valeur ajoutée d’un Freelance réside alors dans ses offres de solutions. Et une offre de solution n’est pas la même chose qu’une liste de savoir faire, doublée de références clients. D’ailleurs, des recommandations ne peuvent constituer une notoriété que si le référent ait lui-même déjà une notoriété. En tout état de cause, un client ne cherche pas une notoriété, mais une solution à son problème.
De la notoriété à l’offre de service
Tripadvisor, Airbnb, Booking – tous les modèles qui ont inspiré les places de marché pour freelances – fonctionnent pour des produits packagés, et non pour des prestations de services individualisées. Payer pour réserver une chambre d’hôtel n’a rien à voir avec payer pour réserver la prestation d’un graphiste. La prestation de Bernard, n’a rien à voir avec celle d’Aurélie, ni de Cyprien ! Sans compter les hyper-spécialisations des uns et des autres (par exemple le print ou le web chez les graphistes).
Or, ce que le client recherche est une solution garantie pour son projet. Certes, ces plateformes digitales pour freelances proposent une garantie basée sur un budget (le montant est débloqué en fonction des résultats), mais cela limite la taille du projet. Plus la taille du projet est petit, plus le budget est faible, et plus ces plateformes fonctionnement bien. Les limites en sont des sites comme Fiverr ou Wonolo, où les freelances travaillent pour 5 à 10 dollars, sur des petits boulots. Cela s’appelle la Gig Economy.
A ce jour, le phénomène de freelancing est relativement frais et nouveau en France. Mais lorsque la machine se mettra réellement en route, des dizaines de milliers de salariés se retrouveront avec ce statut, jetés sur un marché hyper concurrentiel, avec comme seule arme leur CV et leur buzz. Pour comprendre ce que l’on décrit, il suffit d’aller à la sortie d’un Leroy Merlin ou d’un Mr Bricolage en banlieue Parisienne : une baignoire à monter ? je vous le fais pour 50 balles M’sieur…
Seuls s’en sortiront ceux qui sont hyper spécialisés, ou alors ceux capables de se positionner, de se constituer une marque et de fonctionner comme une micro agence. Et comment fonctionne une micro agence ou une micro entreprise digne de ce nom ? Avec une marque qui décline des offres de services mesurables, reproductibles et garanties. La vraie communication d’un indépendant, sera alors la traduction de ses offres de services en langage compréhensible pour les clients.