Informaticien indépendant et SSII
En général, un informaticien indépendant qui travaille pour une SSII est moins rentable pour cette dernière qu’un salarié. En effet, le business modèle d’une SSII consiste à gérer des flux de consultant IT. Un consultant informatique salarié coûte à la SSII son salaire brut augmenté de 50% à 60% avec les charges sociales. Par exemple, un salarié ingénieur informatique confirmé qui touche 45 K€ de salaire brut par an, coûte entre 67 K€ et 72 K€ (en fonction des charges sociales). Sur une année pleine de 220 JH travaillés, cela revient à un coût journalier moyen de 300 € à 330 €.
Or le tarif journalier d’un consultant indépendant confirmé est supérieur à cette fourchette. Cela dépend des technologies informatiques. Par exemple, un développeur Java confirmé se vend en moyenne entre 450 et 600 €HT/jour. Ou alors un consultant informatique indépendant chef de projet peut facturer entre 500 €HT et 800 €HT, en fonction des projets.
Une SSII qui se respecte doit faire une marge brute entre 20% et 40% sur un projet pour être rentable (à ne pas confondre avec le bénéfice net, qui varie entre 5% et 10% en moyenne). Ce qui explique que le recours à des freelances doit rester marginale pour une SSII qui veut optimiser sa marge brute.
Un calcul simple donne une idée du prix de vente que la SSII doit pratiquer pour rentabiliser un freelance. Reprenons l’exemple du développeur freelance Java qui se vend entre 450 €HT et 600 €HT par jour. Si la SSII pratique une marge de 20%, on obtient un prix de vente journalier de 560 €HT à 750 €HT. Ce qui reste élevé pour une prestation de développeur informatique.
Naturellement, la SSII va négocier le prix d’achat du developpeur freelance, sachant que la marge plancher est généralement de 10%. Dans ce cas, la meilleure solution pour le consultant indépendant est de négocier en transparence avec la SSII en fonction du volume du projet.
Imaginons un projet de 3 mois vendu par la SSII à 700 €HT, avec une marge de 30%. La marge dégagée en euros est de 20*3*700*0.3=12 600 €HT.
Imaginons maintenant un projet de 1 an vendu par la SSII au même prix de 700 €, mais avec une marge de 15%. La marge en euros dégagée est de 20*12*700*0.15=25 200€HT (le double du projet de 3 mois à 30% de marge). Ce qui signifie paradoxalement que plus le projet est long, plus le tarif journalier du freelance peut être élevé !
Résumé contre intuitif pour un informaticien indépendant : pour trouver une mission chez une SSII au meilleur prix, baissez vos prix pour les projets courts et augmentez vos prix pour les projets longs ! Bien évidemment, la SSII tiendra le discours inverse…
Tarif freelance informatique pour éditeurs
Devenir informaticien indépendant pour le compte d’un éditeur nécessite de bien connaître le business de ce dernier. En effet, contrairement à une SSII qui gère des flux (et un temps facturé), un éditeur gère un stock (R&D, Immobilisations, brevets). Cela signifie que la valeur ajoutée d’un informaticien pour un éditeur n’est pas son temps de prestation, mais la valeur qu’il apporte au business. Par exemple, si l’éditeur recherche un freelance informatique pour l’aider à accélérer la finalisation d’un produit qui est attendu sur le marché (autrement dit pour réduire le go to market), alors le prix devient un facteur secondaire. Dans ce cas, le consultant informatique – s’il a un profil qui convient – peut négocier un prix de vente dans le haut de la fourchette.
En revanche, s’il s’agit d’une mission de développements spécifiques pour le compte d’un client particulier, le prix devient un élément important. En effet, un développement spécifique pour un client ne fait pas partie, en théorie, de l’actif de l’éditeur (composé de produits vendus à N clients).
Résumé intuitif pour un informaticien indépendant : pour trouver une mission chez un éditeur, augmentez vos prix pour les projets qui impactent les produits packagés de l’éditeur, et baissez vos prix sur les projets qui ne changent pas vraiment les produits packagés ou le go to market des produits.
Tarif informaticiens indépendants et DSI
D’abord il faut bien distinguer les entreprises qui ont un service informatique organisé, avec des entreprises qui ont un service informatique non organisé. Ce n’est pas forcément une question de taille ou de notoriété. Par exemple une filiale d’un grand groupe étranger peut avoir un service informatique très sommaire en France. Autre exemple : il y a des grandes entreprises qui travaillent beaucoup en offshore, dont la DSI se résume à un service achat doublé d’une assistance à maîtrise d’ouvrage.
La distinction se fait donc est bien évidemment au niveau de la taille de la DSI, et non au niveau de la taille de l’entreprise.
Très grossièrement, une DSI de plus de 20 personnes est déjà bien organisée au niveau de ses achats. Ce qui veut dire qu’elle a déjà des sociétés de service et des agences comme fournisseurs. Ces entreprises sont généralement hermétiques aux freelances, hormis ceux qui sont des sous traitants des sociétés de services connus par la DSI. Ne parlons même pas des entreprises qui ont un service achat qui s’occupe des achats informatiques : le référencement est souvent obligatoire.
Le marché primaire des DSI pour consultant IT est donc le marché des PME / TPE. Naturellement, il y a aussi des grands comptes qui travaillent avec des Freelances, mais cela reste minoritaire.
La bonne nouvelle est que dans les PME/TPE, la politique tarifaire des achats de conseil IT n’est pas très claire. La marge de manoeuvre et de négociation est donc grande pour un informaticien indépendant.
Le tarif de la prestation est donc fonction du degré de confiance que le freelance peut nouer avec le DSI ou le responsable informatique. Ici nous sommes dans une situation d’intuitu personae. Deux cas se présentent à partir d’ici :
– les PME : le DSI ou le responsable informatique d’une PME ne paie pas le freelance de sa poche ! Ce qui compte pour lui est la confiance et la garantie qu’il peut avoir. Le freelance informatique qui sait faire des offres de service avec des livrables et des garanties, peut se vendre ici assez cher.
– les TPE : le DSI ou le responsable informatique est souvent le patron ou un associé, il paie donc le freelance de sa poche ! Ce qui compte pour lui avant tout est le prix. Attention, nous sommes ici dans une TPE dont l’informatique n’est pas le coeur de métier (ce n’est une SSII ni un éditeur). Le prix est donc essentiel, et dans ce cas la marge de négociation reste faible.