Etre Freelance n’est pas une affaire de statut
Il suffit de taper le mot clé ” travailleur indépendant ” sur Google, pour tomber sur un déluge de platitudes : quel statut choisir, le mode de facturation, les places de marché pour trouver un client, les recettes administratives, juridiques, business etc.
Or la vie d’un travailleur indépendant, n’est ni une affaire de statut, ni une affaire de recette, ni même une affaire de projets sympathiques. C’est une affaire de modèle de business et non de chiffre d’affaires.
Il s’agit d’un modèle de business sans aucun bilan patrimonial. Qu’est ce que cela veut dire ?
Le point commun entre un salarié et un entrepreneur est le patrimoine sur lequel chacun se pose. Un salarié se pose sur le patrimoine d’un autre, un entrepreneur prend appui sur son propre patrimoine. Mais contrairement à un salarié ou à un entrepreneur, un travailleur independant n’a aucun patrimoine sur lequel s’appuyer. Dans les arts martiaux, on appelle cela l’ancrage. C’est l’impératif d’avoir une position stable pour pouvoir combattre.
La vie du travailleur independant ne dépend que de son temps facturé, c’est à dire d’un flux financier et non d’une réserve financière. C’est comme un poisson qui nage dans une rivière par rapport à un poisson qui évolue en plein océan. Au printemps, quand le flux de la rivière est nourrie par la fonte des neiges, tout va bien. Mais en été les choses sont plus difficiles.
Autrement dit, en langage financier, un freelance ne présente qu’un compte de résultat, et ne s’occupe pas de son bilan. Voyons un peu plus en détail, quelles en sont les conséquences dans sa vie.
Un Freelance gagne sa liberté, mais devient esclave de son temps facturé
Il est vital (et nous pesons nos mots) de comprendre la différence entre un salarié, un travailleur non salarié (ou un auto entrepreneur) et un entrepreneur.
Un salarié est quelqu’un qui vend son temps et sa liberté, en échange d’un statut qui lui apporte une sécurité (du moins en théorie). L’équation économique d’un salarié se résume à “ma liberté + mon temps productif = xxx € garantis”.
Un Freelance gagne sa liberté par rapport à un patron (souvent il commence par être auto entrepreneur), mais reste esclave de son temps. En effet, son chiffre d’affaires dépend de son temps facturé. Son équation économique se résume à “mon temps productif = xxx € non garantis”. En effet, le freelance gagne sa liberté, mais en contrepartie accepte le risque de business pour lui (xxx € non garantis). Son temps facturé est sa seule source de revenu, qui devient variable en fonction de la demande du marché.
Un travailleur indépendant possède donc une source de revenue variable, parce que basée sur aucun actif cessible. Son seul actif est son art qui n’est pas cessible à un tiers. Mais quel rapport entre un actif cessible et la vie d’un travailleur indépendant ? Eh bien, c’est justement ce concept d’actif cessible qui constitue la voie royale vers le bien être et l’épanouissement d’un freelance.
C’est ce concept qui fait d’un freelance un véritable entrepreneur, capable de créer de la valeur et de s’épanouir dans sa vie.
Nous avons vu qu’un salarié vend son temps et sa liberté, et un freelance gagne sa liberté et vend toujours son temps. Un entrepreneur est quelqu’un qui utilise la liberté acquise, non pas pour vendre tout son temps, mais pour épargner une partie de son temps afin de créer un patrimoine. Et c’est ce patrimoine qui lui apporte un revenu, à terme sans lui. L’équation économique d’un entrepreneur se résume à “mon patrimoine = xxx €”. En langage financier, un entrepreneur transforme son compte de résultat en bilan patrimonial. Et en langage juridique, quelqu’un qui possède un bilan et un compte de résultat n’est plus une personne physique, mais une personne morale. C’est cela un statut de société (entreprise individuelle EURL, SARL, SAS, SA…). Une personne morale est une entité où les gens qui vendent leur temps, leur liberté ou les deux, font fructifier un patrimoine. Ce patrimoine, moins les ressources que l’entrepreneur a dépensé pour le bâtir, constitue alors ce que l’on appelle les fonds propres. L’entrepreneur prend alors un morceau des fonds propres de la société (une partie des bénéfices) sous forme de dividendes. Et c’est cela une de ses sources de revenu. Et cerise sur le gâteau, ce patrimoine est cessible à un tiers. Si l’entreprise grossit, l’entrepreneur peut la vendre.
Voilà l’abime qui sépare un simple salarié d’un entrepreneur.
En se lançant sur le chemin de l’indépendance, le freelance se met – sans le savoir – sur cette route qui n’a pas d’autres bretelles de sortie. Soit il avance sur le chemin ainsi tracé, soit il doit en sortir et faire autre chose. C’est à dire, soit il constitue un patrimoine (un actif cessible à un tiers), soit il vit dans l’incertitude permanente.
Comment un Freelance peut-it consolider sa situation ?
En devenant petit à petit un entrepreneur. Le problème est que peu gens savent ce que ce mot veut réellement dire. L’image d’épinal d’un entrepreneur est celle d’un homme richissime roulant en Ferarri, avec un cigare au bec. Ce qui est fondamentalement repoussant pour quelqu’un qui aime son métier et respecte la beauté de l’art. Mais en réalité, un véritable entrepreneur est un créatif et non un homme d’affaires. Aucun entrepreneur n’a encore réussi à créer une entreprise de premier ordre, dans le seul but de gagner de l’argent. Un vrai entrepreneur est un créatif, tout comme un peintre ou un musicien. Il crée une affaire qui tourne à terme sans lui, c’est à dire qu‘il crée une œuvre.
Pour un Freelance, le début de son oeuvre peut être ses offres de services. C’est de cette manière qu’il peut commencer à créer des packages (c’est à dire un petit actif ou patrimoine) à partir de son savoir faire. Une offre de service est une prestation qui répond à un besoin, avec un prix et des livrables précis. C’est un actif reproductible et mesurable, donc susceptible de devenir cessible, c’est à dire d’être sous traité à un confrère…