Deux types de sous traitance pour un freelance informatique
Depuis quelques années, les SSII ont décidé de changer de sigle pour s’appeler ESN (Entreprise de Service Numérique) : un peu comme si Mme Claude devenait Mlle Monique pour se racheter une virginité. A une certaine époque, travailler en Freelance informatique pour une SSII revenait à partager sa marge avec une entreprise qui tenait juste le client. En effet, les pratiques de vente en régie (facturation du client au temps passé) était monnaie courante. Mais avec la saturation du marché et la maturité des entreprises, le mode régie s’est largement rétracté pour laisser place à des modes de fonctionnement plus industriels, comme les TMA (Tierce Maintenance Applicative) ou les projets au forfait.
Il existe donc deux modes de fonctionnement pour devenir freelance informatique ou auto entrepreneur pour une SSII : soit travailler en régie chez un client (et généralement sur le site du client) de la SSII, soit travailler sur un projet industrialisé en mission freelance. Mais dans les deux cas, faire appel à un Freelance est économiquement moins rentable pour une SSII par rapport à un salarié. En effet, le coût journalier d’un Freelance est en théorie plus élevé que celui d’un salarié. La raison qui pousse alors une SSII à sous traiter est l’absence de salarié interne capable de faire la mission. Mais les choses sont différentes s’il s’agit d’un projet vendu par la SSII à son client en régie, ou s’il s’agit d’un projet vendu au forfait (projet industrialisé).
Travailler en Freelance informatique en régie
Lorsqu’un client demande un consultant en régie, deux cas de figure se présentent. S’il s’agit d’un profil relativement commun (par exemple un développeur PHP sur un projet avec peu de complexité), alors il y a de grandes chances qu’une SSII bien placée rafle la mise, sans trop de concurrents en face. Soit parce que l’entreprise a massifié ses demandes auprès de cette SSII (achat de volumes HJ et non de profils), soit parce que la SSII connait bien le client. Ce dernier lui laisse le temps de chercher, compte tenu de la non complexité (donc peu de risque côté DSI) du projet. Le choix premier de la SSII sera généralement une embauche. La SSII en profite pour se développer, en espérant recaser le consultant embauché ailleurs à la fin de la mission. Mais au bout du compte, si la SSII ne trouve pas un CDI, faire travailler en Freelance dans l’informatique peut être envisagée. La marge de négociation ici pour le Freelance sera faible, le projet n’étant pas stratégique. Pour augmenter son taux journalier, le Freelance peut alors jouer l’urgence. S’il n’y arrive pas, il peut toujours négocier un délai de paiement court (idéalement à réception de facture), compte tenu du peu de risque du projet et des relations de la SSII avec le client. L’autre technique est de prendre le projet au tarif proposé par la SSII et ensuite renégocier en cours de route, à condition d’être très apprécié par le client. En effet, une fois le Freelance embarqué sur le projet, s’il est vraiment apprécié du client, la SSII ne pourra plus s’en passer. Enfin, si l’affaire ne se fait pas pour des raisons de compétences techniques sur tel ou tel détail, par exemple si le client cherche un mouton cinq pattes, il existe encore une dernière solution pour le Freelance. Il peut toujours proposer quelqu’un de son réseau, plus qualifié pour le projet, moyennant une rétribution ou un partage de marge avec son confrère. On appelle cela un apport d’affaires, et c’est une pratique courante entre les entreprises.
Freelance informatique sur un projet industrialisé
Les projets confiés aux SSII deviennent de plus en plus industrialisés et packagés. Cela veut dire que la SSII apporte plus de valeur à son client et garantie un niveau de risque plus élevé (obligation de résultat). Dans ce contexte, la SSII peut gérer ses ressources d’une manière plus indépendante vis a vis du client. Après tout, le client achète un livrable et non des profils. Ce qui veut dire que la tendance naturelle d’embauche de la SSII sera d’autant plus renforcée. Comment une SSII peut faire appel à un Freelance dans ce type de projet ? soit au démarrage du projet pour aller vite et lancer le projet avec des ressources rapidement opérationnelles (quitte à remplacer le Freelance en cours de route), soit pour un projet court de type pompier, soit pour une expertise sur un sujet précis ou lot précis.
La marge de négociation pour le Freelance est plus confortable pour ce genre de projet. En effet, si la SSII a décidé de faire appel à un Freelance sur un projet industrialisé au forfait, c’est qu’elle n’avait vraiment pas le choix. Si vous vous retrouvez dans ce cas de figure, allez-y franchement ! Négociez tarif, délai de paiement, volume, voire lieu de la prestation (par exemple en part-time de chez vous). Et si vous êtes capables de faire une offre de service, prenez un lot du projet, avec livrables, planning et budget fixe : vous allez garantir votre prestation, ce qui a une grande valeur ajoutée pour la SSII sur un projet industrialisé. En conclusion, sur un projet industrialisé, vous avez intérêt à faire une offre de service. Vous augmenterez vos chances, puisque vous êtes capable de garantir vos prestations.